mercredi 17 octobre 2007

Réponses aux questions de Chau Sân V

RÉPONSES AUX QUESTIONS DE CHAU SÂN V

Histoire de la prise de conscience nationale au Cambodge

Le Cambodge, la Chine et le Vietnam

Tout d'abord quelques mots sur la Chine et le Vietnam, deux facteurs incontournables dans tout problème concernant l'avenir de notre pays. Dans notre histoire, on a beaucoup parlé, même trop parlé de l'Inde qui, nous le répétons, est actuellement l'alliée de Hanoï. C'est pourtant avec la Chine que nous avons les témoignages les plus anciens concernant nos relations avec l'étranger. Les archives chinoises possèdent ces précieux documents et ils datent du début de notre ère. Nous apprenons que des érudits cambodgiens étaient allés en Chine et que des envoyés et commerçants chinois étaient venus chez nous. Il est probablement très utile pour nous de chercher à préciser les interactions entre nos deux cultures et civilisations.

Il est aussi très important pour nous d'avoir des aperçus plus précis et plus conformes à la réalité sur l'histoire des relations entre la Chine et le Vietnam, histoire complètement déformée par certains. Elle influe sur notre appréciation de la puissance de la République Socialiste du Vietnam (RSV). En effet, contrairement à ce qui est souvent écrit, les faits montrent que, mise à part l'époque coloniale, le Vietnam ne trouvait sa puissance et sa plénitude que durant les périodes où s'établissaient des relations non conflictuelles avec son voisin du nord, comme c'était le cas, en particulier, au XIXième siècle avant la colonisation.

Après la deuxième guerre mondiale, c'était l'arrivée des troupes de la République Populaire de Chine (RPC) aux frontières du Nord-Vietnam en 1949, qui avait permis aux forces du Parti Communiste Vietnamien (PCV) de tenir tête au corps expéditionnaire français. Sait-on que l'établissement du campo retranché de Dien Bien Phu a été ressenti par la Chine comme une provocation ? Sait-on que c'était la Chine que avait, pour ainsi dire, forcé la décision de l'attaquer ? Sait-on que c'était la Chine qui avait assuré la logistique de l'opération presque jusqu'en première ligne ? Sait-on que c'était la Chine qui avait réglé les dispositifs de combat, y compris, par exemple, les manières de disposer les batteries de canons, qui avaient joué un rôle extrêmement important dans la victoire finale ? Il n'est pas dans nos intentions de mettre en doute l'héroïsme des combattants des deux bords. Le sort de la bataille était décidé d'avance par une faute d'appréciation stratégique du haut commandement français qui ne tenait pas compte des liens historiques entre la Chine et le Vietnam, faute perçue et exploitée judicieusement par l'Etat-Major chinois. La Chine de 1949 n'était plus celle des années 1880. Ainsi Giap n'était pas réellement le véritable vainqueur de Dien Bien Phu.

Durant la guerre contre les USA, en particulier contre l'aviation américaine, des escadrilles d'avions pilotés par des Nord-Coréens participaient à la défense de Hanoï, et des ingénieurs et officiers chinois participaient à la reconstruction des ponts détruits et assuraient le transport du matériel de guerre et des vivres par terre et par mer jusqu'à Hanoï et Haïphong malgré les bombardements et le minage des eaux territoriales du Nord-Vietnam.

L'Amérique a finalement compris l'adéquation du problème en amorçant sa politique de rapprochement avec la Chine en 1972, pour tenter de trouver une solution qui garantirait la stabilité, la paix et la prospérité de la région tout en respectant l'indépendance et la souveraineté de chaque nation. C'était le Watergate qui avait paralysé les USA et qui les avaient empêchés d'utiliser leur puissance pour faire respecter les accords de Paris.

Alors, première faute du PCV, surestimant ses forces après la conquête du Sud-Vietnam en 1975, il se crut en mesure de faire la loi dans le Sud-Est Asiatique avec l'aide de l'URSS et de commencer, pour cela, par conquérir tout d'abord le Cambodge. Ce faisant, il entra en conflit avec le pays où précisément et historiquement il puisait sa force et d'où il la détenait. La Chine ne pouvait pas ne pas réagir.

En effet elle était déjà menacée directement par l'URSS au nord et à l'ouest. Elle avait des problèmes épineux avec sa voisine du sud-ouest, l'Inde. Elle n'avait donc pas intérêt à avoir à ses frontières du sud-est une RSV alliée militairement à l'URSS. Elle s'oppose donc à la stratégie de la "Fédération Indochinoise", formulée, contrairement aux réalités historiques, dès sa formation en 1930, par le Parti Communiste Indochinois alias PCV, parti enfanté par l'URSS.

Par ailleurs, la R. P. de Chine sait cultiver l'amitié, y rester fidèle et tenir ses engagements. Le Cambodge fut l'un des premiers pays à nouer des relations diplomatiques avec elle. De plus pour obtenir l'autorisation de faire transiter ses armes pour le PCV à travers notre pays vers la fin des années 60, elle s'était engagée à préserver notre indépendance, notre souveraineté et notre intégrité territoriale. La Chine a une dette morale envers notre nation. Donc stratégiquement et moralement, la Chine est obligée de soutenir la lutte du peuple cambodgien.

Deuxième faute du PCV : La RSV est le résultat de la conquête du Sud par le Nord. Le Vietnam avec les frontières actuelles n'a jamais existé avant 1975. La RSV est un Etat et une nation en formation. Elle n'a pas encore de structures bien solides. Le conflit avec la Chine et la résistance acharnée de notre peuple ne peut qu'accentuer cette fragilité. De plus, en rejetant sa population d'origine chinoise, la RSV se prive d'une partie des éléments les plus actifs et les plus dynamiques de son peuple. Ces éléments sont donc nos alliés potentiels. Par contre notre peuple a reçu un héritage culturel suffisamment fort et attractif pour qu'une grande majorité de notre population ayant des antécédents chinois se soit sentie entièrement khmérisée dès la première génération. Nous les appelons les "Kaune Chao Chen" (descendants chinois). Ils constituent les agents les plus actifs et les plus efficaces dans la production marchande, dans le développement économique et urbain de notre pays. L'on sait que les villes sont les piliers indispensables d'une nation. Cette partie intégrante de notre peuple joue donc déjà un rôle extrêmement important dans la lutte actuelle, et encore plus, future, dans la reconstruction nationale après la libération. Cet aspect de notre problème est un atout pour nous si nous savons en tenir compte. Il peut inciter la population d'origine chinoise, au Vietnam, à lutter encore plus résolument contre le régime inique imposé par le PCV. Le rapprochement entre la R.P. de Chine et Taïwan est aussi une contribution à favoriser cette tendance. Alors que le rapprochement entre, d'une part la Chine et, d'autre part, la Thaïlande, ses partenaires de l'ASEAN et les USA, contribue à rendre l'aide soviétique à la RSV de plus en plus inopérante.

Troisième faute du PCV : Déformant sa propre histoire et la nôtre, voulant profiter des erreurs criminelles du PCK (Parti Communiste du Kampuchea), il croyait que le peuple cambodgien serait incapable de lui résister.

Ainsi, en tenant compte de l'histoire et du rapport des forces dans le contexte régional et planétaire de nos jours, la seule politique raisonnable et réaliste pour un Vietnam indépendant, souverain et prospère, est le respect de l'indépendance et de la souveraineté du Cambodge et du Laos, première étape indispensable pour un retour à une politique d'amitié réelle et durable avec la Chine et es USA.


LE CAMBODGE CONTEMPORAIN
ET LE PROBLÈME NATIONAL


Le sentiment national de notre peuple est toujours très fort et ne s'est jamais démenti au cours de notre longue histoire. Aucune armée étrangère n'a jamais pu dominer durablement notre pays, sauf pendant la période coloniale. Malheureusement, à quelques rares exceptions près, nos personnalités placées aux postes de commandement, quelle que soient leur origine sociale et la forme apparente qui qualifient leur régime, se conduisent comme des Deva Raja (Dieu-Roi) de l'époque angkorienne, en contradiction désastreuse avec le niveau du développement de notre économie, culturel et social de notre peuple.

Vu notre héritage historique, notre situation géographique et le contexte international actuel, il est exclu que nous puissions un jour disposer d'une longue période de paix et de sécurité pour construire à loisir notre Etat national, comme, par exemple, la Thaïlande qui a pu disposer de plus de deux siècles. Il nous faut donc le faire tout en luttant contre l'ennemi. Pour cela, il nous faut d'abord en prendre conscience. Puis la situation ne nous est pas spécifique. L'histoire montre qu'en règle générale les nations se forment en s'opposant à l'agression venant de l'extérieur. C'est leur capacité d'organiser la résistance qui leur donne le droit de vivre ou non. Par exemple, la France et l'Angleterre, les plus anciennes nations du monde se sont formées en s'opposant l'une à l'autre. Pour la France, après la lutte contre l'Angleterre durant la Guerre de cent ans, elle devait se retourner contre les agressions conjointes des Habsbourg d'Autriche et d'Espagne qui l'encerclaient. Alors pour la première fois les catholiques et les protestants se virent obligés de s'unir sous le règne de Henri IV qui, avec Sully jeta les premières bases d'un Etat fédérateur des intérêts économiques, seule façon de résister efficacement à l'ennemi étranger. Ainsi, qu'on le veuille ou non, il nous faut construire notre Etat national ou disparaître. C'est la seule arme stratégique pour notre survie. Le problème est d'en accélérer le processus et de procéder le plus en douceur possible pour nos compatriotes.

Mais comment pourrait-on le faire si on n'en avait pas déjà une certaine idée, une certaine image pour inspirer le travail et les activités de chacun d'entre nous ? A cet égard ayons à l'esprit qu'une nation se justifie par son histoire et que celle-ci est étroitement liée à celle de ses hommes illustres, comme le notaient si judicieusement Disraeli et Renan. Or, d'une part, elle est faussée pour la simple raison que peu d'entre nous s'en occupe, d'autre part, elle est particulièrement anonyme, mis à part les noms des rois. Pourtant combien a-t-il fallu de généraux, d'hommes d'Etat, de penseurs, de juristes, de philosophes, d'historiens, d'écrivains, de poètes, de compositeurs, de techniciens, d'ingénieurs, de scientifiques, de mathématiciens, etc... pour que notre pays existe jusqu'à ce jour ? Il appartient à nos historiens de les exhumer, de peupler notre mémoire de leurs mérites et de leurs exploits, et de rendre vie à notre histoire nationale. D'ores et déjà, nous essayons de combler en partie cette lacune dans le bref aperçu ci-dessous.

· 1813-1818 : Vonsa Sarpec Non rédige le texte le plus ancien de notre histoire nationale à notre connaissance, dès lors le plus précieux pour nous quelles qu'en soient les imperfections.

· 1834 : Occupation de notre pays par Huê.

· 1835 : Commencement de la résistance nationale.

· 1840-1846 : Soulèvement général, populaire et à caractère national contre les troupes de Huê, soulèvement qui permet à Ang Duong de régner sur un pays débarrassé de toute présence militaire étrangère.

· 1846-1859 : Ang Duong instruit et conseillé par son précepteur Vonsa Sarpec Non, réorganisa l'armée, l'administration, l'Etat et l'économie du pays dévasté par la guerre. Il rétablit les communications et fait construire la route Phnom Penh-Kampot. 1859 mort d'Ang Duong.

· 1863 : Traité de protectorat signé à Oudong.

· 1885-1886 : Soulèvement à caractère national contre la vietnamisation à outrance de notre pays.

· 1930 : Après la fondation de l'Ecole Supérieure de Pali, création de l'Institut Bouddhique.

· 1935 : Le Collège Sisowath ouvre plus ouvertement ses portes à nos compatriotes.

· Pour la première fois dans deux établissements scolaires, grâce à la connaissance de la langue française, des Cambodgiens peuvent avoir accès à la culture et à la pensée française et aussi mondiale, c'est-à-dire à la mémoire collective de l'Humanité.

· Dans ce qui suit nous ne citerons que les noms de nos compatriotes qui ne sont plus là pour témoigner. Nous souhaitons que ceux d'entre-nous qui ont participé, qui étaient témoins ou qui directement ou indirectement possèdent des informations sur les événements relatés, donnent leur version des faits qui font partie maintenant de notre histoire et ravivent aussi notre mémoire collective. Nous serions très heureux et honorés de les publier dans notre revue.

· 1938 : Un groupe d'anciers élèves du Collège Sisowath, de l'Institut Bouddhique et d'anciens bonzes dont les plus connus, toutes tendances confondues, sont Pach Chhoeun, Song Ngoc Thanh, Achar Hèm Chieu, Boun Chan Mol créent le journal Nagaravata (Angkor Vat en pali). Ils publient des articles reflétant des idées et des pensées nationales, collectent des fonds pour permettre à nos compatriotes peu fortunés de continuer leurs études secondaires et supérieurs à Saïgon, à Hanoï et en France. Nous n'avions alors ni lycée ni université.

· 1942 : Révolte populaire connue sous le nom de Révolte des Bonzes contre les exactions coloniales. Pour la première fois des intellectuels formés dans des écoles créées par le pouvoir colonial participent à une telle manifestation. Elle est suivie par des emprisonnements et par la déportation à Poulo Condor de Pach Chhoeun, Boun Chan Mol et Hèm Chieu. Ce dernier devait y mourir.

· 2 septembre 1945 : Le Japon capitule.

· 7 janvier 1946 : Signature du "Modus Vivendi" entre le Cambodge et la France.

· Février 1946 : Des intellectuels de formation universitaire rentrèrent de France. Avec les anciens du groupe Nagaravata, ils formèrent le Parti Démocrate dont la figure de proue était le Prince Sisowath Yuthévong. Iev Koeus en était l'animateur le plus populaire. Yuthévong, atteint d'une maladie difficilement curable à l'époque, savait parfaitement qu'il abrégerait sa vie en rentrant au pays natal pour affronter les dures batailles politiques qui l'attendaient. Il devait mourir le 18 juillet 1947. Il fait un grand ami de Léopold Senghor, qui s'en est toujours souvenu, en faisant du lointain Sénégal, un ami dans toutes les épreuves qu'à traversées et que traverse encore notre pays. Quant à Iev Koeus il devait mourir, assassiné le 14 janvier 1950.

Le comité directeur du Parti Démocrate, dès le début de sa constitution, sur la proposition du Prince Norodom Phurissara a adopté comme devise les trois mots : "Cheat, Sasna, Mahaksat" (Nation, Religion, Roi). Pour la première fois dans notre histoire, figure explicitement et fièrement dans un mot d'ordre, le mot Nation et il y figure en premier. Le Parti Démocrate concrétisait la convergence des aspirations de tout un peuple de transformer sa soif du savoir en un mouvement à l'échelle nationale pour la construction des écoles et des collèges, répétant ainsi le slogan de la révolution française: " la nation a besoin de savants ". Tous les Cambodgiens, du fin fond de la campagne jusqu'aux centres urbains, se mirent à construire des établissements scolaires, à leurs frais et à la sueur de leur front. Le nombre d'élèves décupla en quelques années.

D'emblée, le peuple a compris ce qui nous manquait c'était le savoir, l'accès à la mémoire nationale et à la mémoire collective de la planète. Il a senti que c'est parmi ses enfants instruits que se recruteront les futurs dirigeants de la nation.

La quasi-totalité des intellectuels et des lycéens étaient membres ou sympathisants du Parti Démocrate. Quelques que furent ses fautes et les comportements peu honorables de certains de ses membres, ce parti a joué un rôle extrêmement important dans la mobilisation générale: intellectuelle, morale et politique du peuple dans la lutte pour l'Indépendance Nationale. Il a obtenu les trois quarts des sièges aux trois élections avant l'Indépendance: 50 sièges sur 67 à l'assemblée constituante (1er septembre 1946), 54 sur 74 et 54 sur 78 respectivement aux élections législatives de novembre 1947 et de septembre 1951. A chaque fois, les députés démocrates réclamaient le retour à l'indépendance. La première assemblée fut dissoute le 18 septembre 1949, la seconde le 15 juin 1952.

C'était pour protester contre la dissolution de la première assemblée législative nationale démocratiquement élue de notre histoire que fut déclenchée la première manifestation monstre des jeunes écoliers et lycéens soutenue par ce qu'il y a de pensants au Cambodge. Une section de la jeune Armée Royale Khmère, commandée par un jeune officier, a été dépêchée pour la réprimer. L'officier, nonobstant les ordres, s'adressa à la foule en ces termes: "Jeunes frères et soeurs, n'ayez aucune crainte, nous ne tirerons pas", donnant ainsi une belle leçon de solidarité patriotique. Quelques dirigeants actuels du PCK qui se trouvaient parmi les manifestants ne l'ont malheureusement pas compris.

L'histoire du Parti Démocrate est è écrire, elle constitue une belle page de l'histoire de la nation. Elle est une des clefs pour comprendre la situation présente.

La formation du Parti Démocrate fut le premier balbutiement de la prise de conscience nationale concrétisée des temps modernes. Malheureusement, il n'y avait personne pour la structurer et l'organiser en un parti de combat, ou mieux encore en un parti capable de pratiquer toutes les formes de combat. La raison principale en était probablement le nombre trop restreint de nos compatriotes instruits pour que puissent émerger de telles personnalités.

Nous avons dit que l'histoire d'une nation est illustrée par celle de ses grands hommes. Dans ce qui précède nous avons cité un certain nombre. Nous avons aussi de grands écrivains comme Krom Ngoy par exemple. Nous souhaitons que des chercheurs en exhument d'autres. Il ne faut pas oublier ceux qui ont joué des rôles marquants dans un passé récent, mais dont les noms n'ont pas encore pu réunir un consensus parmi nos compatriotes, en raison du climat passionnel qui divise actuellement. Alors pourquoi ne pouvons-nous pas nous mettre d'accord sur une liste où toutes les tendances sont représentées et qui comprendrait, outre les noms déjà cités, entre autres Ho Tong Lip, Sarin Chhak, Hang Tun Hak, Hou Youn, par exemple ? La liste sera longue, ce qui est normal pour un peuple comme le nôtre. Nous souhaitons qu'une commission ad hoc s'en occupe. Nous tenons à une telle liste consensuelle pour les raisons suivantes:

· Leurs noms que nous mêlons en dépit de leurs tendances politiques divergentes (ce qui est normal pour une nation), nous invitent à laisser provisoirement de côté les vaines querelles concernant la guerre fratricide de 1970-1975. D'une part, ils nous invitent à concentrer nos efforts pour lutter contre la RSV. D'autre part, à quoi nous sert, nous qui vivons à l'étranger de savoir qui a tort ou qui a raison ? Ne serait-il pas souhaitable de laisser à nos enfants le soin de le décider à Phnom Penh, une fois l'Indépendance et la Souveraineté nationale retrouvées ? Alors ils auront non seulement le temps, les moyens et la sérénité pour le faire, mais mieux encore ils auront la possibilité d'honorer dignement la mémoire de nos hommes illustres. Avoir une nation glorieuse à leur léguer ne représente-t-il pas le bonheur suprême de chacun d'entre nous ? Enfin où que nous soyons, nous nous trouvons dans un champ de bataille où l'ennemi guette nos moindres faiblesses, nos moindres contradictions. La dure réalité des faits nous impose de régler nos problèmes internes à l'amiable. L'ennemi ne se préoccupe pas de distinguer celui d'entre nous qui croyait, de celui qui ne croyait pas. Devant leur fusil, tous nos compatriotes sont égaux et indiscernables.

· Nous pensons que leur mémoire, à l'instar de celle du Général Khleang Moeung qui avait galvanisé l'esprit combatif de son armée, ne manquera pas de sonner la mobilisation générale de toutes les forces morales, intellectuelles et physiques de notre nation pour bouter l'ennemi hors de nos frontières.

· Honorer nos hommes illustres, incite nos compatriotes à agir pour mériter d'être inscrit sur cette liste, leur donner le courage de se battre et d'avoir une vie exemplaire voire de se conduire en héros, même si ces préoccupations ne leur sont pas explicitement perçues.

Raymond Aron écrivait: "La connaissance historique ne consiste pas à raconter ce qui s'est passé d'après des documents écrits qui ont été conservés par accident, mais sachant ce que nous voulons découvrir et quels sont les principaux aspects de toute collectivité, à nous mettre en quête des documents qui nous ouvriront l'accès au passé." Ainsi pouvons-nous écrire une histoire nationale d'une façon vivante plus proche de la réalité. Une histoire où nous sommes fiers de notre patrie, de notre passé glorieux légué par nos ancêtres au prix de leur sang et de leur labeur, de nos grandes figures. Nous avons la chance de naître dans une nation qui a bâti la grande civilisation angkorienne. Nous héritons d'une nation vivante, bien vivante puisqu'elle est en mesure de se battre depuis plus de 9 ans contre un ennemi aussi redoutable que redouté qu'est la fameuse armée de la RSV, prétendue être la 4ème du monde, et de la tenir en échec. Notre devoir est de léguer à nos enfants une nation indépendante et souveraine. C'est le bien le plus précieux pour nous et pour eux.

(À suivre…)

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